Intervention Emancipation au congrès académique du SNES

Le congrès académique du SNES de Lyon s’est tenu en visio-conférence les 6 et 7 avril 2021. Nous publions ci-dessous les interventions des représentants Émancipation et les positions défendues. Le format de ce congrès rendait très difficile les échanges. Nous en avions demandé le report au cas où il ne pourrait se tenir à la Bourse du Travail (la direction U&A comme l’EE en ont exigé le maintien en visio).

Deux thèmes étaient à l’ordre du jour : Un système éducatif pour lutter contre les inégalités et démocratiser et Syndicalisme. [1]

Les textes préparatoires font le choix d’une entrée par la référence à la situation sanitaire. Mais il n’y a pas un mot sur la “gestion” par Macron de l’épidémie de Covid et les conséquences désastreuses pour les personnels, la jeunesse, les familles...

Sont explicitement sortis des thèmes : la “protection sociale”, “les salaires” alors que d’importantes attaques se développent contre la sécurité sociale, l’hôpital et la santé publique, contre le point d’indice, le pouvoir d’achat. Est aussi exclue la question des “libertés” une question pourtant essentielle, alors que Macron multiplie les atteintes aux libertés démocratiques…

Alors qu’avec la mise en œuvre de la “loi de transformation de la fonction publique”(LTFP) [2] , le gouvernement développe l’offensive contre les garanties statutaires, le combat syndical contre la politique de Macron tend à être exclu du congrès. À noter que le “congrès exceptionnel” prévu à Montpellier en 2022, se tiendra après les élections présidentielles et au milieu des législatives.
Nous publions les interventions et motions Émancipation qui ont été centrées sur quelques points essentiels.

Intervention au nom du courant Émancipation

Notre congrès se tient dans une situation particulière.

Si la situation sanitaire nous contraint à limiter nos débats collectifs, c’est l’épidémie de macronnisme qui met dangereusement en cause nos libertés fondamentales.

“État d’exception” contre les libertés fondamentales…

Le 16 mars 20020, proclamant "nous sommes en guerre", Macron décrétait l’état d’exception, puis le faisait avaliser par sa majorité aux ordres avec la loi du 23 mars, laquelle a été prorogée plusieurs fois. Calquée sur la loi du 3 avril 1955, durant la guerre d’Algérie, cette loi d’"état d’urgence sanitaire", instaure un véritable état d’exception.

Qui peut croire que l’on puisse combattre un virus, soigner les malades, prendre les mesures nécessaires pour protéger les personnels avec des mesures liberticides ?

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Le Collectif Inter Urgence fête ses 2 ans sous les fenêtres du Ministère...

Or, depuis mars 2020, les fermetures de lits se sont poursuivies sur tout le territoire (moins 300 lits avec la fusion des hôpitaux Beaujon et Bichat), à Lyon (depuis le 1er mars, les urgences de Desgenettes sont fermées alors que celles de HEH sont saturées)… La loi Buzyn s’applique avec les restructurations, fermetures de services, ouverture au privé…

Notre congrès se doit d’exiger la satisfaction des revendications portées par les soignants depuis plus d’un an.

Macron entend poursuivre coûte que coûte, l’offensive contre l’hôpital public, la sécu, l’enseignement public, les personnels, la jeunesse…

Les conditions catastrophiques dans lesquelles les collègues sont contraints de travailler sont notamment liées à la conjugaison entre la casse du système de santé et les contre-réformes de l’enseignement décidées par Macron
. Et Blanquer applique de façon zélée les ordres de Macron en mettant en œuvre son programme.

Ainsi, avec l’éclatement du groupe classe, la multiplication des groupes accroit fortement le brassage des élèves. Avec un cas positif dans une classe, c’est 90 élèves, voire plus encore qui sont “cas contacts” !

…et dialogue social permanent

Macron poursuit l’offensive contre l’école, contre la jeunesse avec la même méthode : la matraque et le dialogue social.

D’un côté la répression des enseignants qui se mobilisent contre les réformes, de la jeunesse. Et de l’autre, le "dialogue social" permanent qui se mène à tous les échelons.

Ainsi, articulés au Grenelle de l’éducation, ce sont plus de 17 groupes de travail (GT) auxquels les directions syndicales ont participé d’octobre à février dans le cadre de l’Agenda social de Blanquer. L’objectif annoncé était clair, mettre en œuvre des mesures définies par le gouvernement, par les contre-réformes.

Quelques exemples de sujets discutés dans ces groupes de travail (GT) :

  • GT "plus de reconnaissance" ? alors que le point d’indice est toujours bloqué, on discute de primes de mesures qui opposent les collègues au lieu de les unir. Car, une véritable revalorisation passe par le dégel immédiat et pérenne du point d’indice et le rattrapage du pouvoir d’achat perdu
  • GT "gestion de proximité"  : soit la casse du cadre national des règles statutaires ;
  • GT "accompagnement individuel" : combien de collègues résistants aux réformes se voient proposer un accompagnement pour les pousser à abandonner l’enseignement ?
  • GT "finalisation de la réforme des concours" : soit de la destruction du recrutement sur concours (avec entretien d’embauche), la dislocation des garanties statutaires au profit de l’extension du recrutement de contractuels
  • GT sur “la culture et les pratiques managériales”.

Comment peut-on combattre ces mesures si on accepte de les légitimer en participant à ces groupes de travail ?

Devant les députés, Blanquer se réjouit : “la gestion (de la crise) n’a pas paralysé notre institution .Nous avons poursuivi les réformes, notamment au travers du Grenelle de l’Éducation. Pour ce qui concerne certains sujets, la crise a pu constituer un accélérateur de progrès, notamment dans le domaine numérique”.

Ce dialogue social permanent se décline de plus en plus à tous les niveaux, du national à l’académique et au local. Face à l’offensive de Blanquer, conjugué aux journées d’action il conduit à l’impasse.

Deux exemples :

— Début décembre 2018, les lycéens se mobilisaient “pour l’abrogation de la loi ORE, de Parcoursup, des réformes du bac, du lycée, de la voie professionnelle, l’abandon du SNU” . (400 lycéens se réunissent en AG à la Bourse du Travail). Il était alors possible d’organiser la mobilisation unitaire, la base de ces mots d’ordre clairs, en vue de la grève générale de l’Enseignement. La direction de notre syndicat s’y est refusé poursuivant les sempiternelles concertations.

Isolés, les lycéens étaient soumis à une répression féroce.

— Alors qu’en janvier 2019, la loi Blanquer est sur le bureau de l’Assemblée, les directions académique et nationale s’opposent à l’organisation du combat national pour le retrait de ces contre-réformes et programment des actions#STOPMEPRIS, avec envoi de lettres à Macron, aux députés, et une série de journées d’actions.

Résultat : la loi Blanquer était définitivement adoptée le 4 juillet 2019.

Et maintenant, le dialogue social se poursuit avec le gouvernement sur la mise en œuvre des contre-réformes.

Le rapport d’activité académique est une déclinaison de l’orientation nationale.
Pour Émancipation, il ne s’agit pas de discuter, voire de sanctionner l’investissement militant de la direction académique mais de faire le bilan critique d’une orientation.

Parce que cette orientation tourne le dos au combat nécessaire à organiser contre l’application des contre-réformes destructrices de l’enseignement public et des garanties statutaires arrachées par les luttes, nous appelons à voter contre le rapport d’activité académique.

Nous appelons à soutenir ces positions en votant pour la liste Émancipation lors des élections internes.


Les autres moments du congrès :

Thème 1 : Un système éducatif pour lutter contre les inégalités et démocratiser

Thème 2 : Syndicalisme

Motion Émancipation "Action"

Motion Émancipation : Soutien à la mobilisation en Algérie

Motion Émancipation : Pour la libération des prisonniers politiques catalans