Echos du congrès national du SNES (1) : Réforme des concours, Conseil d’évaluation de l’école, Réforme de l’éducation prioritaire...

Quelques échos du congrès national du SNES
(congrès tenu en visio-conférence du 17 au 21 mai 2021)

« Réforme des concours et de la formation »

Intervention sur la motion Émancipation :

On ne peut que se féliciter du fait que le texte affirme l’exigence de l’abrogation de la réforme du CAPES. Il faut néanmoins préciser que cette réforme du recrutement concerne 6 concours dont le recrutement des PLP, des CPE, des professeurs d’école… Elle passe définitivement à la trappe le fait que la formation initiale pour les professeurs stagiaires devait être payée par l’État employeur. La mise en responsabilité des candidats, en qualité de contractuels, avant les concours, et l’introduction d’un oral qui relève de l’entretien d’embauche tendent à aligner le recrutement des futurs titulaires sur le recrutement des contractuels, lequel va être considérablement élargi.

Il s’agit donc d’avancer vers la contractualisation du corps enseignant ; tous les personnels sont menacés.

On doit se poser deux questions :

1-Comment en est-on arrivé là ?

Comment oublier que cette contreréforme a été précédée par deux ans et demi de concertations auxquelles notre syndicat et la FSU ont participé. (Après la commission qui a conduit au rapport Fillâtre, en 2018, les concertations se sont poursuivies jusqu’à la publication des arrêtés en 2021).

Que pouvait-on attendre de ces concertations avec Blanquer qui met en œuvre le programme de Macron. L’objectif est clairement annoncé : une société « sans statut », la destruction des acquis collectifs, l’individualisation des droits. Ces deux ans et demi de concertations ont désarmé les collègues au lieu de les armer pour organiser le combat

2- Et aujourd’hui, comment imposer l’abrogation de cette contre-réforme ?

Blanquer a mis en place un « comité de suivi des INSPÉ ». Il doit aujourd’hui servir à accompagner, le suivi, la mise en œuvre de la réforme du recrutement et de la formation », en lien avec les objectifs généraux de Blanquer et de Macron.

Ces objectifs sont clairs. Ils sont précisés dans les documents issus du Grenelle et le rapport « Quels professeurs au XXIe siècle ? » ». La loi de transformation de la Fonction publique (TFP) donne le cadre juridique qui va permettre de nouvelles offensives contre les garanties statutaires. Blanquer a indiqué qu’il ferait de nouvelles annonces fin mai. Et il est clair que l’individualisation des carrières va de pair avec le parcours individuel de l’élève, la réforme du bac, du lycée, la loi « école de la confiance »… en conformité avec l’ensemble des objectifs de Macron.

Alors, peut-on attendre la moindre amélioration en participant à ce comité de suivi ? Nous sommes déjà intervenus en ce sens dans les instances syndicales, et au congrès de la FSU, il y a un an et demi. Quel combat a été mené pour informer, organiser la mobilisation contre ces projets de destructions des statuts ?

La participation du syndicat aux groupes de travail inscrits dans l’Agenda de Blanquer ont-ils permis de barrer la voie aux contre-réformes ? À l’évidence non. Et pour Blanquer, ce dialogue social devrait se poursuivre dans « le comité de suivi des INSPÉ, de la réforme du recrutement » afin d’entraver les résistances en associant le syndicat à la mise en œuvre.

Si l’on veut vraiment se donner les moyens d’imposer l’abrogation de la réforme des concours, il faut organiser un combat global contre la casse du métier et des garanties statutaires ; et y mettre toutes les forces du syndicat.
Cela implique de commencer par cesser toute participation au comité de suivi de Blanquer.

Je vous invite donc à voter la motion Émancipation sur la « réforme des concours et de la formation ».


Intervention Émancipation : motion éducation prioritaire et amendement conseil d’évaluation de l’école :


Bonjour,

J’interviens pour défendre la motion Émancipation sur l’éducation prioritaire, ainsi que l’amendement émancipation sur le conseil d’évaluation, deux pièces de choix de l’offensive Blanquer contre le cadre national de l’école et le statut.

Éducation prioritaire

–> S’agissant de l’éducation prioritaire, il est clair que son existence même (encore synonyme, en dépit des attaques et des dégradations, de moyens supplémentaire voire d’effectifs plus réduits dans les classes) ne cadre pas avec les objectifs généraux du gouvernement. Il faut le dire, on ne peut pas parler s’agissant des contrats locaux d’accompagnement (CLA) ou des territoires éducatifs ruraux (TER), de moyens supplémentaires tel qu’on l’entendait jusqu’à présent, ce sont des moyens hors la classe, tout au plus des ressources mais à la condition de travailler plus et d’exercer davantage de missions, ce qui va avec le démantèlement du statut.

En effet, ces dispositifs (CLA et TER) sont le Cheval de Troie de la contractualisation, dans la ligne des préconisations des ateliers du Grenelle de l’éducation ou du rapport « quels professeurs au 21e siècle », avant une généralisation à tous les établissements qui ne peut faire aucun doute.

C’est pourquoi notre syndicat doit exiger le retrait du projet de réforme de l’éducation prioritaire, et d’engager le combat pour l’obtenir. Cela commence par demander le retrait de l’expérimentation des contrats locaux d’accompagnement et des territoires éducatifs ruraux.

Mais est-il possible de demander l’arrêt de la réforme en cours de l’éducation prioritaire et d’accepter en même temps de participer aux comités de suivis dans les académies expérimentatrice, alors même que leur fonction est de mettre en œuvre la réforme ? Est-il possible de demander l’arrêt de la réforme et en même temps d’accepter d’en discuter avec la secrétaire d’état Nathalie Elimas, qui régulièrement fait référence à ces concertations et s’en félicite ?

La réponse est évidemment non, notre congrès doit se prononcer pour le retrait de la réforme de l’éducation prioritaire et annoncer que le SNES refuse toute concertation sur ces bases et quitte les comités de suivi. Sur ces bases, il sera possible de construire la mobilisation en défense de l’éducation prioritaire et au-delà pour stopper l’offensive du gouvernement. Tel est le sens de la motion émancipation.

Conseil d’évaluation de l’école

S’agissant du conseil d’évaluation de l’école (CEE) dont le S3 Créteil a également fait état, il faut rappeler que son existence est notamment saluée par le rapport « quels professeurs au 21e siècle », ce qui indique bien qu’il s’intègre dans le dispositif général de casse du métier et d’autonomie des établissements. C’est un outil néo-libéral.

On est surpris de l’extrême modération du texte des rapporteurs à ce sujet, avec une référence limitée à l’auto-évaluation (sans évoquer donc l’évaluation externe et ses conséquences en terme notamment de risques psycho sociaux) et sans se prononcer sur le conseil d’évaluation de l’école, alors même que des collègues subissent la première campagne.

Pour notre part, nous considérons doit se prononcer pour la suppression du conseil d’évaluation de l’école et appeler les collègues à refuser de s’engager dans cette démarche en leur donnant les moyens de pouvoir le faire. Cela implique donc que notre syndicat, et au-delà notre fédération, refusent de siéger dans le conseil consultatif du conseil d’évaluation de l’école.