CA académique du SNES de Lyon : Réforme des retraites : infliger une défaite à Macron - Contre le "pacte enseignant", le "socle" et l’"école du futur" de Macron

La CA académique du SNES de Lyon était convoquée le 16 mars au matin, avant même la tenue de la réunion de l’Assemblé Nationale auquel devait être soumis le vite définitif de la réforme des retraites de Macron.

La discussion a abordé la mobilisation cotre ce projet de loi ainsi que les mesures de mise en œuvre de la réforme de l’Enseignement voulue par Macron et qui doivent s’appliquer dès la rentrée de septembre 2023.

Ci-dessous, l’intervention et la motion Émancipation sur la question du "pacte" enseignants :

Intervention Émancipation sur la loi Macron contre les retraites

Cette CA académique se tient alors quelques heures avant que, cet après-midi, le projet de loi définitif de Macron sur les retraites sera soumis au vote définitif de l’Assemblée.

Semaine après semaines, les manifestants dans la rue affirment leur revendication légitime : le retrait du projet de loi sur les retraites de Macron.

Sur les pancartes, c’est Macron qui est ciblé ouvertement. « Macon ça suffit » ! Nombre de manifestants dénient la légitimité de Macron, soulignent le caractère antidémocratique de ces institutions.

Comment notre syndicat peut-il oublier la « nature référendaire » de la Ve République, ainsi que l’ont qualifiée les historiens comme Michel Winock, ou de « coup d’état permanent » pour reprendre les mots de Mitterrand en 1958, avant qu’il s’empresse de l’oublier en s’asseyant dans le siège (du roi), en légitimant, durant deux septennats, ce régime mis en place par de Gaulle ?

Depuis deux mois c’est une mobilisation historique qui a imposé une revendication claire : le retrait pur et simple du projet de loi Macron.

Tout en affirmant qu’il n’y aurait pas de grève par procuration, les directions syndicales ont multiplié les appels à des journées d’action, des actions "saute moutons". Tout en laissant les collègues isolés, dans les établissements.

L’intersyndicale a appelé à « bloquer le pays ». Mais comment « bloquer le pays » sans grève de masse ?

Depuis janvier, nous proposons que le syndicat donne une perspective à la mobilisation : isoler Macron, lui dénier toute légitimité ( intervention et motion d’Émancipation) [1]

Or, à l’automne, durant trois mois nos directions syndicales se sont soumises aux concertations sur le projet de réforme des retraites de Macron, jugé par les travailleurs comme ni négociable ni amendable (Cf. la motion que nous avons défendue à la CA académique de novembre).

Durant les deux mois de mobilisations historique sur l’exigence du retrait de la réforme des retraites, le "dialogue social", les concertations se sont poursuivis sur les différents projets de Macron. Dans l’Enseignement, la Fonction publique, et aussi dans le privé, aboutissant, par exemple, à un accord sur l’extension de l’intéressement (la négation même de l’augmentation du salaire réclamé par tous les salariés).

Pour gagner, il faut isoler Macron, cesser toute discussion avec ce gouvernement, orienter la mobilisation sur la perspective de lui infliger une défaite politique. En appelant, par exemple, comme nous l’avons proposé à manifester en masse en direction de l’Assemblée où la loi était discutée à partir du 6 février. Car la légitimité, c’est celle de la rue, de la mobilisation massive de travailleurs et de la jeunesse ; ce n’est pas celle de Macron, ni de sa « majorité relative » à l’Assemblée (« majorité » au ordres). Il convient de leur dénier le droit de voter la loi sur les retraites.

Et maintenant, faut-il supplier Macron de « le rencontrer » (cf. la lettre que lui a adressé l’intersyndicale) ou lui dénier la légitimité des attaques contre nos droits, contre nos retraites ?

Ne fallait-il pas appeler à une mobilisation massive aujourd’hui, en direction de l’Assemblée, pour lui dénier le droit de voter cette loi ?

Au lieu de cela, c’est une conférence de presse qui est organisée devant l’Assemblé, un alignement de responsables syndicaux devant les caméras de la presse ! Qui peut croire que cela va les "convaincre" ?

Seule la mobilisation massive, dans l’unité, peut en se centralisant contre ce pouvoir lui infliger une défaite politique.

Contre le "pacte enseignant", le "socle" et "école du futur" de Macron

Ndiaye poursuit la mise en œuvre de « l’école du futur » de Macron. Après plusieurs semaines de "concertation", le ministère a présenté ses mesures concernant le "pacte enseignant" : celles concernant un "socle" accessible à tous / toutes, celles concernant le "pacte". Les organisations syndicales ont toutes quitté la "concertation" lors de la dernière réunion.

Le "socle" et le "pacte" sont indissociables :

Alors que le gouvernement refuse toute augmentation conséquente du point d’indice, les éléments de "revalorisation" sur lesquelles se mènent les concertations avec les directions syndicale ne permettraient même pas de compenser l’inflation.

Elle se feraient sous forme d’indemnités et ne concerneraient pas l’ensemble des catégories de personnels. Une partie des sommes prévues résulteraient de redéploiements. Les inégalités salariales, notamment hommes / femmes, seraient aggravées.

Le "socle" sert en fait de paravent pour faire passer des mesures portant atteinte aux conditions de travail et aux garanties statutaires, contenues dans le "pacte".

Quant au "pacte", il constitue un grave danger :

  • mise en place de remplacements imposés à l’interne, de la flexibilité, d’un alourdissement des tâches, développement de la formation hors du temps de travail.
  • renforcement des pouvoirs de la hiérarchie locale (mise en place d’une lettre de mission) voir mise en place de hiérarchies intermédiaires dans le second degré, affirmation du pouvoir hiérarchique de la direction d’école dans le premier degré dans le prolongement de la loi Rilhac.
  • si pour l’instant le "pacte" est présenté comme fondé sur le volontariat, le ministère n’a aucunement clarifié son caractère obligatoire ou non pour les personnels nouvellement recruté.es. Ce qui ouvrirait la porte à sa généralisation progressive.
  • il est aussi en cohérence avec les éléments de "réforme" du collège qui se mettent en place et d’autonomie d’accrue des établissements. Il sert d’outil pour les imposer plus facilement aux personnels : intervention de personnels du premier degré en 6e en français et mathématiques, "reconversion" d’enseignant.es de technologie, dispositif de "découverte de métiers" empiétant notablement sur le temps scolaire.

Le « pacte » s’intègre plus généralement aux projets Macron-Ndiaye d’école du futur. Il s’inscrit dans la marche à la liquidation du recrutement sur concours tel que le recommande le Conseil Supérieur des programmes, après la Cour des Comptes. Rappelons que Macron souhaite une société « sans statuts ».

Motion Émancipation :

La CA académique du SNES de Lyon exige le retrait du "pacte enseignant" et des projets Macron-Ndiaye d’école du futur. Considérant qu’on ne peut combattre ces mesures tout en participant aux concertations visant à les mettre en place, elle demande à la direction nationale de rompre toutes ces concertations.
Pour améliorer vraiment les conditions de travail et de rémunération des personnels, la CA revendique :

- une augmentation immédiate du point d’indice, sa ré-indexation sur les prix ; le rattrapage du pouvoir d’achat perdu à l’échelle de la Fonction publique,

- l’intégration des indemnités dans le salaire.

Sur ces bases, la CA souhaite que la direction du syndicat propose aux autres organisations syndicales une campagne commune préparant les conditions de la mobilisation pour le retrait du pacte et des mesures Macron-Ndiaye contre l’école :

- en réunissant des AG, réunions d’informations syndicales… pour informer sur le "pacte" et l’ensemble des projets d’école du futur en vue d’impulser une campagne en direction des personnels pour boycotter la mise en place du "pacte" et refuser de s’y engager.

à relire : L’« ÉCOLE DU FUTUR » DE MACRON : UNE ATTAQUE GLOBALE QUI IMPOSE UN COMBAT D’ENSEMBLE

Notes

[1Sans oublier que dans la Fonction publique le Code des pensions est ouvertement menacé : E. Borne ne s’en cache pas et le Sénat a ajouté un amendement au texte initial qui va dans ce sens : Article 1er bis (nouveau)
"Dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur la possibilité, les conditions et le calendrier de mise en œuvre d’un système universel de retraite faisant converger les différents régimes et intégrant les paramètres de la réforme prévue par la présente loi".

https://www.senat.fr/leg/pjl22-368.html