Combattre la politique d’Attal et de Guerrini, en défense des personnels
Intervention d’Émancipation à la CAA SNES de Lyon 21 novembre 2023
Avec les 2500 postes supprimés au budget 2024, ce sont 10 000 postes de personnels enseignants qui auront été supprimés (1er et 2nd degré) sous les mandats Macron. Ces suppressions sont le produit de la « révolution copernicienne » voulue par Macron s’accompagne de la casse des acquis statutaires des personnels et du droit aux études pour la jeunesse.
Réforme du collège
Après la réforme du lycée qui organise la concurrence entre les filières, entre les élèves, le ministre Attal annonce aujourd’hui une réforme du collège. Sous couvert d’élever le niveau des groupes de niveau seraient créés en mathématique et en français. Les répartitions d’horaires des autres disciplines dépendraient des décisions de chaque établissement, introduisant dès la 6e, la mise en concurrence des élèves. Avec la contractualisation des établissements, et l’attribution des moyens selon les résultats, c’est tout le cadre national de l’enseignement qui doit voler en éclats.
L’objectif est « d’orienter » rapidement une masse de jeunes vers les entreprises. La réforme (destruction) du lycée professionnel, le développement de l’apprentissage vise à livrer aux entreprises une main d’œuvre docile, responsable de son employabilité, capable de s’adapter aux besoins fluctuants du marché du travail.
Le développement et l’évaluation des compétences comportementales (qualifiées de « socio-affectives », « socio-émotionnelles » ; domaine 3 du socle commun) accompagnent la dégradation des conditions d’enseignement et répondent à un objectif : persuader chaque jeune, (chaque individu) qu’il est le seul responsable de son « parcours » scolaire (puis professionnel), combiner formatage idéologique et coercition pour vaincre toute résistance à la dégradation des conditions de travail et de vie.
Réforme de la formation et du recrutement…
Après avoir ouvert la concertation avec les syndicats sur « l’attractivité du métier enseignant », après la tenue de multiples réunions de groupes de travail, Attal met sur la table sa réforme des concours. Un concours à bac+3, puis un stage d’observation 25% du temps lors de la première année et une formation en responsabilité à mi-temps lors de la deuxième année considérée comme des moyens d’enseignement. Le flou entretenu sur les contenus des concours et de la formation ne peut masquer les objectifs énoncés par Macron : ce nouveau système permettra de limiter "l’un des phénomènes qu’on a aujourd’hui, qui parfois crée de la frustration et qui est à mon avis sous-efficace, c’est-à-dire d’avoir certains de nos enseignants qui rentrent après un cursus universitaire qui est totalement disproportionné et parfois décorrélé avec ce qu’ils vont faire".
Une profonde modification du métier est ainsi annoncée : « former » à l’application de recettes (avec des leçons prêtes à l’emploi, sous le contrôle direct de l’employeur). La formation initiale qui passerait sous la coupe de l’employeur (et non plus de l’université dans le cadre des INSPÉS) ? Avec l’élargissement du recrutement sur contrat se profilent des concours débouchant sur une simple habilitation à enseigner contraignant l’enseignant à se « vendre » pour trouver un établissement qui le recrutera… si son profil est conforme au projet de l’établissement.
… en lien avec la casse du statut de la fonction publique d’État
Dans le même temps, le ministre Guerini annonce un projet de loi qui va s’attaquer au statut : "Je respecte (…) le statut de la fonction publique, mais le statut, ça ne peut pas être le statu quo". D’ores et déjà, il remet en cause le recrutement sur concours dans la Fonction publique territoriale en annonçant la titularisation des apprentis, la fin de la pérennité de l’emploi ("Il faut pouvoir rentrer ..., bouger ... et … sortir plus rapidement de la fonction publique") et l’assouplissement des promotions (leur soumission aux décisions du chef d’établissement). Les projets et annonces d’Attal participent du même objectif.
« La CA académique du SNES constate que le ministre Attal indique qu’il prévoit de nouvelles mesures pour le collège Après la suppression de la technologie en 6e, l’annonce de groupes de niveaux en français et math confirme la marche vers un collège modulaire (avec des groupes de compétences et des parcours diversifiés).
Nombre d’élèves se verraient interdire toute possibilité d’études ultérieures ; la répartition de la dotation horaire relèverait des décisions des établissements plus autonomes ; avec la mise en cause de la grille horaire nationale, de lourdes menaces pèseraient sur les enseignements disciplinaires.
Corrélativement, le ministre annonce une réforme du recrutement et de la formation qui met profondément en cause le métier et porte lourdement atteinte aux garanties statutaires. Il décline dans l’Enseignement public la réforme de la Fonction publique annoncée par le ministre Guerini : mise en cause les concours, salaire au mérite (« mieux rémunérer ceux qui se décarcassent pour assurer nos services publics »), de la garantie de l’emploi à vie, soumission de l’avancement et de la rémunération aux décisions de l’employeur (développant l’individualisation et la mise en concurrence des personnels).
La CA académique du SNES de Lyon se prononce pour le retrait du projet de réforme Attal concernant le collège.
Elle demande aussi le retrait du projet de réforme du recrutement et de la formation des personnels enseignants.
La CA académique se prononce aussi pour le retrait du projet de réforme de la Fonction publique annoncé par Guerini.
La CA demande à la direction nationale du SNES d’adopter ces positions et d’intervenir en ce sens auprès de la direction de la FSU.
Cela implique aussi de quitter les concertations engagées par le ministre Attal - et celles de Guerini -, lesquelles se tiennent sur la base des projets du gouvernement.
La CA demande à la direction du syndicat d’engager dès maintenant, à l’échelle nationale, une vaste campagne d’information et de préparer la mobilisation dans le but d’imposer le retrait de ces projets.
Construire la mobilisation sur cet objectif ouvrirait la voie à la satisfaction des revendications des personnels à commencer par l’augmentation du point d’indice et le rattrapage du pouvoir d’achat perdu. »
La direction académique U&A a appelé à voter contre. L’EE n’a pas voté cette motion