Solidarité avec les enseignants du Costa Rica menacés de licenciement pour faits de grève !

Émancipation publie ci-dessous le texte qui lui a été envoyé par un enseignant du Costa Rica

Le 10 septembre au Costa Rica, un pays de l’Amérique centrale, a commencé un mouvement de grève générale contre le projet de loi #20580, dite Réforme fiscale. La plupart des secteurs des salariés organisés, travailleurs entre autres de la santé, du pétrole, de l’éducation, se sont mobilisés. Un argument pour justifier la mobilisation a été que le cour des problèmes budgétaires du pays repose sur l’énorme évasion fiscale des grandes entreprises nationales et étrangères (-4,6% du PIB, selon les chiffres officiels du gouvernement costaricien).

Malheureusement, le 3 décembre 2018, le gouvernement de Carlos Alvarado, président de Costa Rica, et les partis majoritaires du pouvoir législatif, ont réussi à signer une réforme fiscale régressive. Par exemple, cette loi augmente les taxes sur les produits de première nécessité (le lait, les légumes, l’électricité, etc.) et laisse en totale impunité les groupes économiques qui ne respectent pas leurs obligations fiscales.

Cependant, le gouvernement ne s’est pas contenté d’approuver le projet de loi, il a dirigé une « vendetta judiciaire » contre les grévistes mobilisés. Rappelons-nous du cas de Carlos Andrés Pérez, un ouvrier de l’industrie du pétrole, accusé en novembre 2018 de « sabotage et terrorisme » dans le contexte de la grève. Grâce à la solidarité des différents secteurs mobilisés, il a pu faire face à l’accusation et gagner en justice en février 2019. Aujourd’hui, l’attaque contre les grévistes continue.

Au Costa Rica, depuis l’année dernière, les tribunaux du travail peuvent déclarer une grève légale ou illégale, en prenant en considération le taux de participation des adhérents des syndicats. Après une première déclaration de grève illégale en novembre, le ministère d’Éducation a ouvert des dizaines de « procès disciplinaires » contre certains grévistes, en même temps que les syndicats majoritaires demandaient aux travailleurs de la base de retourner à leurs postes de travail. Dans ce contexte, plusieurs travailleurs de l’Éducation ont dénoncé la décision des tribunaux du travail et ont continué la grève, en attente de l’appel. C’est le 19 février que le tribunal leur a donné la raison en appel, et que la grève a été finalement déclaré légale.

D’après une consultation au SINPAE, un syndicat qui dénonçait en décembre la concertation entre les syndicats majoritaires et le gouvernement, au moins 72 professeurs ont reçu une notification de leurs procès disciplinaires, avec la grave menace de perdre leurs emplois. De façon incompréhensible, Mélida Cedeño, présidente du syndicat APSE (l’un des plus grands syndicats de l’éducation) a refusé l’accompagnement légal à ses propres adhérents, comme dans le cas de Mariano Rodríguez, un professeur de français et dirigeant régional attaqué par le patronat.

Le droit de grève est un droit fondamental, et nous devons dénoncer les injustices avec toutes nos forces.
Exprimons notre solidarité avec les syndicalistes costariciens !