Retrait du projet d’« école du futur » de Macron
La CA Académique du SNES de Lyon s’est tenue le 8 septembre 2022. Nous publions ci-dessous la synthèse des interventions d’Émancipation et les motions défendues.
Le texte présenté par la direction académique fait la liste des problèmes à cette rentrée et se termine en indiquant que « tous nos efforts doivent converger pour gagner largement les élections professionnelles » .
Or, on doit rappeler que la représentativité de notre syndicat repose avant tout sur la reconnaissance par les personnels du SNES comme l’outil syndical à même d’assurer la défense des revendications, le cadre d’organisation nécessaire au combat contre l’offensive du gouvernement.
Il est nécessaire pour cela de resituer les différents aspects de cette rentrée dans le cadre général afin d’avoir une claire compréhension de la situation.
Cette rentrée est le produit des dégradations imposées lors du mandat de Macron n°I lesquelles préparent la mise en œuvre du programme de Macron n°II.
Macron a été très clair : « c’est la fin de l’insouciance », la fin de « l’abondance ». L’abondance ? Pour les salariés, c’est l’abondance du chômage, de la mise en cause des acquis… alors que les dividendes distribués aux actionnaires s’envolent.
Et la Première ministre renchérit : « le plus dur est devant nous ». Sous prétexte de faire face à la pénurie d’énergie, aux conséquences de la guerre en Ukraine… de nouvelles offensives sont annoncées contre l’Enseignement public, les garanties statutaires, l’assurance chômage, les retraites…
En Grande-Bretagne d’importantes mobilisations se développent contre l’explosion des prix… et la nouvelle Première ministre se présente comme une Thatcher n° II.
Ce matin se tient la première réunion du Conseil National de Refondation. Macron reprend, sans le dire, les propos de Denis Kessler (alors président du CNPF, l’ancêtre du Medef) qui, en 2007, disait que derrière le patchwork apparent du programme de réformes de Sarkozy, il y avait « une profonde unité » : « défaire méthodiquement » tout ce qui avait été acquis en 1945. Aller jusqu’au bout de ce processus, tel est aujourd’hui l’objectif de Macron.
Son « école du futur », c’est une modification qualitative de l’Enseignement public, en rupture avec de tout ce que nous avons connu.
Au cœur de ces nouvelles attaques se trouve la réforme des lycées professionnels avec la montée en puissance de l’apprentissage. En plaçant les LP sous la coupe du ministère du Travail, le gouvernement annonce la destruction de la formation professionnelle sous statut scolaire et corrélativement, il prévoit « une transformation inédite » du collège. Expliquant devant les recteurs que le collège est « le maillon problématique », Macron annonce, entre autres, la primarisation de la 6e, une demi-journée par semaine sur (ou dans) l’entreprise dès la 5e … Il répond aux demandes des patrons qui veulent que l’orientation soit « mise au cœur des programmes scolaires, dès l’entrée au collège (…) en tant que matière à part entière », avec « accès à des stages d’immersion pour tous les élèves et à tous les niveaux » .
Et le développement de la précarisation, de la contractualisation des personnels, va de pair avec le « nouveau pacte » qui devrait être généralisé dès 2023 pour tout nouveau titulaire.
Cette « refondation » conduit à l’explosion de l’Enseignement public, des garanties statutaires, et à la déscolarisation d’un grand nombre de jeunes… Avec à la clé d’importantes économies.
Pour éviter une mobilisation d’ensemble, centralisée contre cette « école du futur », Macron et Ndiaye veulent une mise en place décentralisée, différenciée selon les territoires, selon les établissements… appuyée sur de multiplies « concertations » (des « débats » dans les établissements, l’association de « partenaires », des collectivités locales…).
Et Macron fait monter en puissance la méthode du dialogue social. Son CNR, c’est un Conseil de la collaboration avec des réunions qui doivent se décliner à tous les niveaux, national, académique, départemental, jusque dans les établissements. Il veut désarmer les résistances, les mobilisations, interdire leur unification dans un combat d’ensemble contre le gouvernement.
On doit se féliciter du fait que la FSU ait décidé de boycotter la première réunion du CNR Macron. Mais c’est avec l’ensemble de ces réunions, concertations… qu’il faut rompre.
Les conditions catastrophiques de cette rentrée 2022 sont reliées au programme de Macron sur l’école, un programme annoncé et précisé dès mars 2022. Manque d’enseignants, « job dating », management agressif, précarisation accrue des personnels, classes surchargées, accumulation de réformes qui ont conduit à la dégradation des conditions de travail et d’études… Tout cela prépare la « refondation de l’école » voulue par Macron.
Le 25 août devant les recteurs, E. Macron a confirmé cette nouvelle et importante offensive : une « refondation » qui va conduire à l’éclatement du système national d’Enseignement public. C’est ce que le ministre P. Ndiaye est chargé de mettre en application.
Le projet d’« école du futur » comporte notamment :
- Une autonomie accrue sur le modèle de l’expérimentation de Marseille : la définition par chaque école ou établissement d’un projet en lien avec les élus locaux, les parents et les associations, et la possibilité pour les directeurs et chefs d’établissements de participer au recrutement des enseignants. La porte ouverte à une définition locale des horaires et des programmes, et à des contrats d’objectifs locaux.
- Une « réforme » des lycées professionnels, qui induit la destruction de la formation professionnelle initiale sous statut scolaire au profit de l’apprentissage patronal, et qui doit s’appuyer sur une « transformation inédite » (sic) du collège avec à la clé l’expulsion d’une masse de jeunes du système scolaire.
- Un « nouveau pacte » pour les enseignants dès la rentrée 2023 : ajout de nouvelles missions et obligations (remplacements, formations en dehors du temps de service, suivi « poussé » des élèves, relations étroites avec le périscolaire …).
Sous couvert d’une « revalorisation », les projets Macron-Ndiaye conduiraient à une nouvelle organisation de l’école, territorialisée, moins coûteuse, étroitement adaptable aux besoins immédiats des entreprises. C’est donc un changement qualitatif sur des bases néolibérales qui est ainsi annoncé et qui ferait exploser toutes les garanties encore existantes pour les personnels et les élèves. Un tel système impliquerait une déclinaison locale du statut et pousserait à un enseignement différencié en fonction du contexte local. De telles mesures aboutiraient à détruire cadre national de l’école et le statut des enseignants.
C’est pourquoi, la CA académique du SNES de Lyon considère que ces projets ne sont ni amendables ni négociables : ils doivent être rejetés en bloc.
La CA considère que la responsabilité du SNES et de la FSU est de se prononcer pour le retrait intégral du projet Macron-Ndiaye d’« école du futur », de refuser toute concertation visant à mettre en place de tels projets et d’appeler les personnels au boycott des « grands débats sur l’école ». Sur ces bases, il sera possible de lancer une vaste campagne d’information auprès des personnels, ouvrant la voie à la mobilisation unie pour obtenir le retrait des projets Macron-Ndiaye et pour la satisfaction des multiples revendications (hausse des salaires, créations de postes, abrogation des contre-réformes, un statut pour les AESH …).
Salaires
Le ministre Ndiaye a annoncé qu’à partir d’octobre les syndicats seront consultés sur la revalorisation et d’autres aspects. Et de préciser qu’il y aurait une part « socle » pour tous et une part conditionnée à de nouvelles missions (« pacte »). Cette pseudo revalorisation, comme la discussion sur les grilles est donc intimement liée à la redéfinition du métier et à la casse du statut. Et les « concertations » prévues n’ont d’autres objectifs que d’associer les syndicats à la mise en œuvre de la refondation voulue par Macron.
La CA académique du SNES considère qu’il ne peut y avoir de revalorisation sans une augmentation immédiate et conséquente du point d’indice (au minimum égal à l’inflation), le rattrapage de ce qui a été perdu (ce qui peut prendre la forme de 400 euros pour tous), la ré-indexation des salaires sur le prix, et la ré-indexation des pensions sur les traitements. Toute discussion sur la revalorisation et sur les grilles a comme préalable la satisfaction de ces trois mesures.
U&A a intégré quelques éléments sur l’analyse de la situation, mais a appelé à voter contre les deux motions, l’EE ne les a pas votées.