« L’école de la confiance » de Blanquer, c’est l’école de la soumission : Soumission des enseignants et soumission de la jeunesse.
Interventions Émancipation à la CA académique du SNES de Lyon (9 janvier 2019)
À cette rentrée, la situation dans chaque établissement (les spécialités, la DHG, les postes…), est une application de la « réforme » Blanquer du bac, du lycée. Mais la préparation de la rentée se fait aussi en anticipant le projet de loi « pour une école de la confiance », et les décrets et arrêtés qui s’en suivront.
« L’école de la confiance » de Blanquer, c’est l’école de la soumission : Soumission des enseignants et soumission de la jeunesse.
La soumission des enseignants est inscrite dans l’article 1 : au nom de "l’engagement de la communauté éducative", toute critique portée par un enseignant sur l’institution pourrait être légalement sanctionnée par une révocation (= obligation de réserve).
Mais l’art.1 n’est qu’un condensé du contenu de l’ensemble de ce projet de loi qui programme la destruction des acquis statutaires et du métier.
Cela est inscrit dans la « nouvelle » organisation de la formation des enseignants.
C’est aussi ce qui découle de l’éclatement du cadre national de l’enseignement, induit par diverses mesures : l’extension des domaines dans lesquels pourront être mises en place des « expérimentations » locales (d’écoles, d’établissements), les statuts dérogatoires tels ceux accordés aux établissements publics locaux d’enseignement international (EPLEI) qui pourront être financés par des fond privés, et faire appel à un recrutement local. Quant à la fusion des actuelles académies en 13 académies à l’échelle des régions, elle va s’accompagner d’une adaptation de l’organisation et des compétences de chaque académie aux caractéristiques des territoires… Pour la jeunesse, ces fonctionnements différents vont conduire à l’explosion des inégalités au regard du droit à l’enseignement.
Quant au nouveau conseil d’évaluation de l’école il aura pour objectif de « renforcer l’autonomie des établissements ». Ces évaluations qui prendront en compte la capacité d’adaptation « aux situations locales, à l’innovation… », exerceront une véritable dictature sur les établissements et les personnels.
Tout cela entre en corrélation avec le projet de loi de réforme de la Fonction publique (présenté dans quelques semaines en conseil des ministres). Il prévoit la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires (50 000 dans la FPE, l’EN étant le plus gros ministère…). La généralisation du recrutement sur contrat , l’individualisation des rémunérations parallèlement au blocage du point d’indice (part du mérite élargie dans l’indemnitaire, mise en concurrence de personnels, baisse de la masse salariale), les plans de départ « volontaire » liés aux abandons de mission, avec externalisation, voire privatisation de services, « l’accompagnement » à… la « mobilité » des personnels… Tout cela va de pair avec la mise en cause des commissions paritaires vidées de leurs prérogatives essentielles (mutations, avancement…) et la casse annoncée des acquis statutaires.
Alors que Macron est de plus en plus dévalorisé (avec la poursuite de la mobilisation des Gilets jaunes, de l’affaire Benalla…), comment comprendre qu’il puisse, le 31 décembre, annoncer qu’il maintiendra tous ses plans ? La casse de l’indemnisation chômage, du secteur public et du statut des fonctionnaires, des systèmes de retraites (dont le code des pensions)… tout y est.
Sans compter les nouvelles mesures répressives mettant gravement en cause les libertés fondamentales et dont le syndicat doit exiger le retrait.
Ce projet de loi s’inscrit dans la suite de la répression féroce contre les lycéens en décembre dernier, alors que les revendications de l’appel de l’UNL qui a lancé la mobilisation étaient clairement définies : abrogation réforme bac et lycée, de Parcoursup, retrait SNU (1). Ces revendications sont les nôtres, celle de la masse des collègues. Alors pourquoi la direction du syndicat a-t-elle laissé les lycéens seuls et face aux interventions « extérieures », et face aux forces de l’ordre dont l’objectif est de terroriser ? Pourquoi ne pas avoir appelé à la grève sur ces revendications ?
Et aujourd’hui ?
Qui ne comprend l’unité qu’il y a entre la réforme du bac, celle du lycée et le projet de loi Blanquer présenté en conseil des ministres le 5 décembre ?
Que signifie la proposition d’action #STOPMEPRIS : avec l’envoi de lettres à Macron, aux députés (LREM ? LR ? RN ?) ? C’est la poursuite de l’orientation défendue au CSE et dont la direction de notre syndicat s’est glorifiée : un « vœu de moratoire sur les réformes du lycée et du baccalauréat », et un autre « vœu de report de l’examen des textes les plus problématiques » ont été adoptés.
Mais qu’y a-t-il à négocier, à « renégocier » ?
Pendant que les « concertations continuent », accompagnées de journées d’action, le gouvernement avance. Ainsi, après des mois de concertations, la réforme de la Fonction publique (CAP22) sera présentée en conseil des ministres dans peu de temps et la loi Blanquer est déjà sur le bureau de l’Assemblée.
Oui, qu’y a-t-il à négocier avec Blanquer, notamment sur la question de la formation initiale des enseignants (laquelle induit une modification du recrutement) ? Car le projet de loi « École de la confiance » en donne l’axe général : former des enseignants à la soumission ; les soumettre aux chefs d’établissements et aux pouvoirs locaux ; à la dictature du « pilotage par l’évaluation régulière » selon « les recommandations de l’OCDE et de l’Union européenne »... Tout cela dans le cadre d’un Enseignement éclaté, avec une organisation différenciée selon les régions, les territoires, avec le feu vert pour le recrutement sur contrat… L’appel à des AED en licence pour remplacer les professeurs en est une illustration. Que restera-t-il donc des acquis statutaires ?
Car, la formation et donc l’évaluation de enseignants se fera selon des critères qui induisent un bouleversement du métier et la destruction des acquis statutaires fondamentaux. Ainsi, dans cette « école de la confiance », la formation des enseignants conduirait-elle à recruter et à évaluer selon des critères tels que : « le professeur comme professionnel (compétences, croyances, attitudes) ; l’efficacité de l’enseignement en classe ; la coopération dans le contexte de l’école et son réseau ; la politique éducative et le cadre institutionnel de référence ».
C’est là un exemple de la nouvelle « gestion des ressources humaines » qui est au cœur de ce projet de loi.
Oui, les concertations n’ont qu’un seul rôle : re-légitimer Macron et son gouvernement alors qu’il est de moins en moins légitime auprès de la masse des travailleurs.
Dans cette situation, que dire du surgissement des « gilets jaunes » (dont les revendications montrent des eaux mêlées) ? Et de celle des « stylos rouges » ? À l’évidence, cela atteste d’une recherche de combat par des travailleurs, et par les enseignants.
Les Stylos rouges veulent la diminution des effectifs par classe, l’augmentation des salaires, le déblocage du point d’indice… Et ils dénoncent les sempiternelles journées d’actions qui ne mènent à rien. Sur ces questions, on ne peut qu’être d’accord avec eux. Encore faut-il rappeler que le cortège des journées d’actions « accompagne » les multiples « concertations » ; et qu’elles n’ont qu’un seul but, « faire pression ». Il ne s’agit donc pas de construire une mobilisation qui rassemble les personnels et leurs syndicats contre Blanquer et son gouvernement, dans le but de lui infliger une défaite politique, condition indispensable pour arracher les revendications. Pour organiser la mobilisation efficace de l’ensemble des collègues, il faut donc rompre avec les concertations, avec le gouvernement.
En même temps, les Stylos rouges sont peu incisifs sur les contre-réformes Blanquer, ils n’en n’exigent pas clairement le retrait, veulent une nouvelle « concertation ».
Les DHG qui « vont être catastrophiques » seraient, nous dit la direction du syndicat, « un levier important pour construire la mobilisation ». Certes, mais défendre l’existant (les postes, les spécialités, nos disciplines…) ne peut aboutir si on se situe à l’échelle d’un seul établissement, voire d’un « réseau » d’établissements. Car la logique de la réforme Blanquer c’est la mise en concurrence permanente entre les établissements, entre les disciplines, entre les collègues.
Face à l’offensive tout azimut du gouvernement, l’appel national à la grève, pour le retrait/l’abrogation des réformes est une nécessité. Mais cela nécessite une orientation claire : en finir avec les journées d’actions, rompre les concertations et combattre résolument pour l’abrogation de Parcoursup, des réformes du bac et du lycée, ce qui est indissolublement lié au combat pour le retrait du projet de loi Blanquer dit « École de la confiance », pour le retrait du projet sur la Fonction publique.
Tel est le sens de la motion Émancipation.
(1) Prise de position au lycée La Martinière Monplaisir contre les violences policières
Motion Émancipation
« Défendre l’existant (les postes, les spécialités, nos disciplines…) ne peut aboutir si on se situe à l’échelle d’un seul établissement, voire d’un « réseau » d’établissements.
La logique du projet de loi « École de la confiance », c’est, de façon coordonnée avec Parcoursup, la réforme du bac, du lycée, la réforme de la formation (qui induit celle du recrutement et de l’évaluation des enseignants), la mise en concurrence permanente entre les établissements, entre les disciplines, entre les collègues, c’est la casse du métier et des acquis statutaires.
La défense de nos postes, nos disciplines, du statut dans toutes ses dimensions (recrutement, retraites, traitement, à commencer par le déblocage du point d’indice …) implique aujourd’hui de combattre pour :
- l’abrogation des réformes du bac et du lycée,[/vert
- de Parcoursup, pour le retrait
- le retrait du projet de loi « École de la confiance », (et au-delà, pour le retrait du projet sur la Fonction publique).
La CA académique du SNES de Lyon constate que ces revendications (qui ont été au cœur de la mobilisation des lycéens en décembre, à l’appel de l’UNL) permettent d’unifier l’ensemble des enseignants et personnels dans une situation où tout est fait pour diviser, opposer les collègues, les établissements, les disciplines…
C’est sur ces bases, que le SNES doit décider d’organiser, à l’échelle nationale, le combat pour le retrait de l’ensemble des réformes Blanquer et œuvrer à ce que l’unité la plus large se réalise en ce sens.
Ce qui est contradictoire avec la poursuite des « concertations » sur les plans de Blanquer et de son gouvernement, à commencer par celles sur la formation des enseignants.
Sur la base de ces mots d’ordre clairs, il est possible de structurer un mouvement démocratique, incluant les syndicats, en convoquant des AG désignant des délégués mandatés (et des coordinations de villes, départementales et nationale, de délégués élus, intégrant les responsables syndicaux).
Vote contre des U&A ; EE : 2 abstentions et 2 NPPV »
Brésil : motion Émancipation
« Au Brésil, la défaite électorale du Parti des travailleurs le 28 octobre se traduit par l’élection de Bolsonaro au poste de président, un fasciste qui a mené campagne en faisant l’éloge de la dictature des années soixante à quatre vingt, regrettant qu’elle n’ait pas tué suffisamment d’opposants. Cet ancien militaire raciste et homophobe a été élu avec l’appui des grands propriétaires fonciers, des forces dominantes de la bourgeoisie, de l’État major militaire, des églises évangélistes. Il promet de s’attaquer à l’ensemble des acquis sociaux des travailleurs, à leurs organisations, aux droits démocratiques élémentaires.
Dès son entrée en fonction le 1er janvier 2019, il a confirmé sa volonté de nettoyer idéologiquement les administrations publiques, d’en chasser tous les personnels soupçonnés d’être trop proche de la gauche.
Les premières mesures sont tombées : suppression du ministère du Travail, et de celui de la Culture, suppression de la revalorisation automatique du salaire minimum ; droits des personnes LGBT exclus des lignes directrices des institutions chargées de la promotion des Droits de l’Homme… Quant à la fondation nationale des indiens (Funai, qui est un organisme gouvernemental), elle perd ses compétences concernant la démarcation des terres des peuples indigènes, cela au profit du Ministère de l’Agriculture dirigée par une représentante de l’agrobusiness.
D’ores et déjà, une réforme majeure visant à détruire l’actuel système des retraites doit être décidée rapidement.
Dans cette situation, le mouvement ouvrier international ne peut être que solidaire des travailleurs brésiliens. La CA académique du SNES demande donc que le SNES, nationalement, informe largement de la situation au Brésil, lance des campagnes de solidarité, en particulier avec nos collègues brésiliens menacés par la répression, par la remise en cause de leurs acquis et par les attaques contre l’enseignement public, et renforce les liens avec leurs syndicats.
Ce soutien de principe ne signifie pas un soutien à la politique qui a été conduite par le PT quand il était au pouvoir. Nous savons qu’au Brésil même, nombre de travailleurs, nombres de militants syndicaux et associatifs ont critiqué cette politique.
Mais face au coup d’état constitutionnel qui s’est traduit par la destitution de la présidente Dilma Rousseff en 2016, face à l’emprisonnement de Lula alors qu’il était le candidat du PT, face à l’arrivée au pouvoir d’un président ultra réactionnaire , c’est une solidarité de principe que nous devons organiser en défense des travailleurs brésiliens, en défense des organisations ouvrières et démocratiques. 9 janvier 2019 »
Vote contre des U&A et NPPV des EE
Nb. Émancipation a voté contre le texte "action" de la direction académique ; l’EE a voté le texte de la direction académique (lequel ne dit mot, entre autres du projet de loi Blanquer « École de la confiance », lequel a été déposé le 5 décembre sur le bureau de l’Assemblée nationale) !