Olympisme et sexisme

Macron se dit “déterminé” à faire des jeux olympiques et paralympiques une des “fiertés françaises” : il faut “faire beaucoup plus” qu’à Tokyo, arracher 80 médailles…

Célébrant sans cesse l’olympisme, relayé par la presse, Macron se situe en continuité de la devise des JO (“Toujours plus vite, plus haut, plus fort”), la devise, disait Coubertin, “de ceux qui osent prétendre abattre des records”.

Car l’olympisme est intouchable, et Coubertin, son totem, honoré en dépit de ses positions réactionnaires. Il se déclarait “colonialiste fanatique”, et en 1936 (JO de Berlin), adressait ses louanges à Hitler “un des plus grands esprits constructeurs de notre temps”.

Quant à l’accès des femmes aux JO, en 1912, il déclarait : “Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte”. « Le véritable héros olympique est à mes yeux l’adulte mâle individuel. Les Jeux Olympiques doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs”.

Aujourd’hui, le CIO valorise la présence des femmes dans le sport. Mais ces modifications ne sont pas tant liées à “la mise en cause des stéréotypes de genre” qu’à “une évolution sociale du capitalisme mondialisé particulièrement insidieuse” [1]

Ainsi, en 2008, Roger Roge président du CIO n’hésitait pas à affirmer : “Le sport a besoin des femmes, de leur participation non seulement parce qu’elles représentent la moitié de l’humanité, mais parce qu’elles jouent un rôle essentiel dans la société et en particulier pour ce qui est de transmettre l’amour du sport aux jeunes”.

Et le patron de WTA, l’association du tennis féminin, se réjouissait de la diversification de la provenance des joueuses pour développer de nouveaux marchés : “Nous attendons l’émergence de joueuses de l’Est asiatique […] c’est la certitude de conquérir de nouveaux territoires en termes de marketing”. C’est pourquoi de 2008 à 2013, “les filles iront jouer leur Master au Qatar puis ce sera Istanbul”. “Ce seront ainsi 14 millions de dollars qui entreront dans les caisses de la WTA” en six ans. Et les sponsors traquent les jeunes filles au “physique prometteur” dès leur plus jeune âge. Le corps des femmes est aussi exploité pour conquérir de nouveaux territoires en termes de marketing.

Décidément l’institution sportive, loin de contribuer à l’émancipation des femmes, en soumettant leur corps à la compétition le transforme en corps-objet.
Hélène

Article publié dans L’Émancipation syndicale et pédagogique

Cet article et les deux précédents ont été traduits en espagnol et republiés dans un dossier sur le site de Correspondencia de Prensa

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Notes

[1Ronan David, Le sport contre les femmes.