Loi de 1881, loi de 1901, loi de 1905. Et aujourd’hui ? Exiger le retrait, l’abrogation des lois s’attaquant aux droits fondamentaux
Intervention de Philippe Levet (Émancipation) au Cdfn de la FSU (24-25 novembre 2020)
Je ne reviens pas sur la loi « Sécurité globale », la loi LPR et les franchises universitaires, ni sur la loi sur la Justice des mineurs, l’état d’urgence sanitaire évoquées dans le texte action.
Loi de 1881
En 2019, le gouvernement envisageait la sortie de la loi sur la liberté de la presse des infractions liées aux « propos haineux » sur internet, qui pourraient être jugées en comparution immédiate. Adoptée en 2020 la quasi-totalité de son contenu est invalidé par le Conseil Constitutionnel.
Dupond-Moretti évoque l’idée de « réguler » ce problème en sortant des délits de la loi de 1881 : « J’ai beaucoup travaillé pour tenter d’éradiquer la haine en ligne, qui a abouti à l’assassinat du professeur Samuel Paty, mais pourrit aussi notre pays, souvent en toute impunité. […] Et nous avons travaillé de ce point de vue là, de façon très précise, pour essayer de réguler, au travers de la loi, notamment de 1881, les immixtions de ceux qui ne sont pas journalistes et qui ne méritent pas d’être protégés par cette loi mais qui viennent, au fond, s’y lover pour diffuser la haine en ligne et bénéficier des protections qui sont dues aux journalistes et aux organes de presse ».
Catherine Champrenault, procureure générale auprès de la cour d’appel de Paris, a proposé au ministre de sortir de la loi de 1881 sur la liberté de la presse les délits d’incitation à la haine, estimant que « nos moyens de poursuite sont entravés par la loi de 1881. […] [la loi] ne permet pas de procédure rapide comme la comparution immédiate, ni de mesure de sûreté comme le contrôle judiciaire ou la détention provisoire », alors que « face à des discours de haine susceptibles de provoquer des effets dévastateurs, la justice doit pouvoir agir rapidement ».
C’est le projet de loi « confortant les valeurs républicaines » qui sera le véhicule législatif de ces modifications. Il prévoira « la création d’un délit de mise en danger de la vie d’autrui par divulgation d’informations liées à sa vie personnelle » a expliqué Eric Dupond-Moretti. « Trop de personnes qui n’ont rien à voir avec la presse viennent profiter du bouclier de la loi de 1881 qui protège la liberté d’expression pour distiller des discours en rupture avec les valeurs de la République. Tout en maintenant les protections existantes pour les journalistes, un texte va être communiqué […] au Conseil d’État afin que soit expertisée la possibilité de permettre la comparution immédiate ».
Le texte passera en conseil des ministres le 9 décembre.
Loi de 1901
« Toute demande de subvention fait désormais l’objet d’un engagement de l’association à respecter les principes et valeurs de la République. La violation de ce contrat d’engagement républicain a pour conséquence la restitution de la subvention ». On peut plus que dubitatif sur ce que le législateur entend par respect des principes et valeurs de la République, et des conséquences réglementaires que cela entraînerait.
Les motifs de dissolution d’une association en Conseil des ministres sont élargis. Il sera aussi possible « d’imputer à une association […] des agissements commis par ses membres et directement liés aux activités de cette association ».
Sans commentaire sur l’élargissement administratif des motifs de dissolution en dehors d’un cadre judiciaire.
Loi de 1905
Alors que les lieux de culte musulmans sont, pour des raisons historiques, en majorité sous le régime des associations prévu par la loi de 1901, le projet de loi les incite à s’inscrire sous le régime de 1905, plus transparent sur le plan comptable et financier. En contrepartie, elles pourront avoir accès à des déductions fiscales ou encore tirer des revenus d’immeubles acquis à titre gratuit. Ce donnant-donnant est avant une manne pour l’Église catholique, de loin le culte en possession du parc immobilier le plus important susceptible de lui fournir des revenus confortables.
Une disposition « anti-putsch » est prévue pour éviter toute prise de contrôle d’une mosquée par des extrémistes. Par cette disposition l’état met à mal le principe de séparation de la loi de 1905 et s’immisce dans l’organisation des cultes.
Le droit d’opposition du service Tracfin va être élargi, pour contrer les« flux indésirables », selon le ministre Gérald Darmanin, sans préciser ce qu’il entend par là, peut-être par peur de froisser les états acheteurs d’armement français.
Interrogé sur l’occasion que présenterait une modification législative de la loi de 1905 pour une application à l’ensemble du territoire national, le gouvernement a répondu qu’il n’en était pas question.
Comme on le voit c’est l’ensemble des lois dites « libérales » qui sont attaquées par ce gouvernement. La FSU doit mener une campagne d’informations des personnels, des parents d’élèves et des usagers, prendre contact avec les différents acteurs sur ces sujets (organisations syndicales, associations), participer aux différents actions contre l’ensemble des projets de lois qui s’attaquent aux libertés fondamentales notamment la liberté d’expression, la liberté d’association, la liberté de culte, exiger l’abandon, le retrait ou l’abrogation des lois s’attaquant aux droits fondamentaux.