Loi d’urgence sanitaire de Macron et offensive contre les travailleurs et la jeunesse

Intervention Émancipation au Conseil National de la FSU

« Loi d’urgence sanitaire de Macron et offensive contre les travailleurs et la jeunesse »

Le 12 juillet, Macron a annoncé une nouvelle offensive contre les travailleurs et la jeunesse. Il a confirmé l’application de la réforme de l’assurance chômage dès le 1er octobre.

Il a rappelé sa volonté de supprimer les régimes spéciaux, de repousser l’âge de départ en retraite.

De nouvelles mesures qui vont soumettre plus encore les jeunes aux besoins du patronat comme le « revenu d’engagement », l’extension de l’apprentissage, un projet de loi sur l’autonomie qui génère de nouvelles attaques contre la sécu.
Macron a annoncé la poursuite de la réforme de l’État : à la réduction drastique des postes s’ajoutent les mesures contre les fondements mêmes du statut.

Il entend accélérer le processus de marchandisation de la santé, la marche à la privatisation de l’hôpital public. Fin juin, il a présenté un plan de 7 mds d’euros en faveur des big pharma en vue de faire émerger des « champions français » (pour cela, développer les biothérapies, la médecine prédictive, le numérique). Et on généraliserait l’autorisation de mise sur le marché de produits médicaux en brûlant les étapes de tous les essais thérapeutiques. On poursuit les fermetures de lits, les « partenariats public privés », le transfert au privé des services qui rapportent, comme la chirurgie. Ce plan de destruction du système public de santé impose de passer sur le corps des personnels.

De même, dans l’Éducation, la mise en œuvre des contre réformes s’accompagne d’importantes attaques contre les personnels. Le 2 septembre, Macron a annoncé une expérimentation dans 50 écoles de Marseille, dans lesquelles les directeurs « pourront choisir leur équipe pédagogique » , préfigurant ainsi ce qu’il appelle « l’école du futur ».

Alors que le ministère entend aller vite et que Blanquer explique qu’il va affiner « ce que cela va signifier avec les organisations syndicales », la responsabilité de notre CDFN est de se prononcer pour le retrait pur et simple de cette expérimentation et d’annoncer que la FSU refusera toute discussion visant à la mettre en place.

Au-delà, il est clair que cette expérimentation concerne tous les personnels de l’enseignement public, et qu’elle est à relier aux 12 engagements du Grenelle (parmi lesquels figurent la personnalisation des carrières, la dés-anonymisation du sort de chacun dans les mutations ou encore l’autonomie accrue des écoles et établissements) et bien évidemment au projet de loi Rilhac sur la direction d’école qui revient à l’Assemblée fin septembre.

Le CDFN devra se prononcer pour le retrait du projet de loi Rilhac, le rejet des 12 engagements du grenelle (que Blanquer entend mettre en œuvre d’ici janvier) et annoncer que la FSU quitte les groupes de travail de l’agenda social.

Et sous couvert de mesures sanitaires Macron accompagne sa politique antisociale de nouvelles mesures liberticides inscrites aujourd’hui dans la loi du 5 août  : avec l’obligation vaccinale, il s’agit de stigmatiser les personnels comme s’ils étaient responsables de la situation des hôpitaux (eux qui n’avaient ni masques ni blouses en 2020, qui travaillent aujourd’hui dans des conditions scandaleuses, en sous-effectif permanent). Pire encore : à partir de mercredi (15 sept), les personnels soignants et non soignants soumis à l’obligation vaccinale se verront sanctionnés, suspendus sans salaire, ni droit au chômage.

Aux HCL [1] de Lyon, 2500 agents sont ainsi menacés, au mépris total du statut, du droit du travail. Car la loi du 5 août n’a en réalité rien à voir avec le « sanitaire » ; elle a tout à voir avec la destruction des hôpitaux et du droit aux soins pour tous lequel est mis gravement en cause avec le pass sanitaire.

Cette guerre contre le virus dont parle Macron est en réalité une guerre contre le monde du travail. Alors que s’engage une nouvelle étape dans la destruction de l’hôpital public, de l’Enseignement public, de la Fonction publique, il entend faire payer au monde du travail les milliards que l’État a déversé sur les entreprises, au patronat. Et pour cela, mettre au pas les salariés.

Avec l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, on met en cause le droit du travail, le statut des fonctionnaires, le secret médical. La loi du 5 août est une nouvelle attaque contre les libertés fondamentales. Elle exprime la volonté d’imposer une société de surveillance généralisée un système de contrôle social, qui est conçu pour durer. Face à cela, comment la direction de notre fédération peut-elle nous parler « d’un équilibre à tenir » ?

Pour Bruno Le Maire, le pass sanitaire protège l’économie française. Comme la vaccination qui « fait la solidité de l’économie française ».

Alors que les personnels se mobilisent contre l’obligation vaccinale, contre le pass sanitaire, pour l’arrêt immédiat de l’état d’urgence sanitaire, comme à HEH (Hôpital Edouard Herriot) à Lyon, dans d’autres hôpitaux, dans nombre d’autre villes (à Montélimar, à Besançon, dans la Sud-ouest, à Marseille…), comment comprendre que notre fédération ne reprenne pas à son compte ces revendications ? Alors que s’accélère la casse du système de santé, de l’École publique, ne pas le faire serait venir en appui aux plans de Macron, de Blanquer, de Le Maire pour qui, le pass sanitaire, la vaccination protègent l’économie, en appui au gouvernement qui entendent faire payer la crise du système capitaliste au monde du travail, à la jeunesse.

Sur le site national : les interventions et motions Émancipation

Notes

[1Les 13 hôpitaux des Hospices Civils de Lyon sont le 2e CHU de France