Les enjeux du Xe congrès de la FSU ? Intervention Émancipation au congrès de la FSU 69...

Le congrès de la FSU 69 s’est tenu à Lyon les 4 et 5 janvier 2022. Ci-dessous l’intervention d’Émancipation 69 sur le rapport d’activité et les enjeux du congrès

On ne peut ignorer le moment où se tient le 10e congrès de notre fédération. Ce congrès se tient après cinq ans passés sous le mandat Macron et la mise en œuvre du programme annoncé en 2017. Nous serons tous d’accord pour considérer qu’il s’agit d’une offensive d’ampleur contre l’Enseignement public, et contre les personnels. Mais ce congrès ne peut faire l’impasse sur les raisons qui ont permis à Macron prendre et mettre en œuvre des mesures qu’aucun des gouvernements précédents n’avait pu imposer.

On ne peut non plus ignorer le contexte dans lequel vont se mener nos débats. Cela fait deux ans que l’on vit sous un état d’exception dont on ne voit pas la fin. Cela fait deux ans que l’on vit sous un climat anxiogène. Et alors que l’hôpital public est saccagé , alors que, comme l’indique la LDH, "la saturation des services d’urgences et de réanimation des hôpitaux n’est pas tant le résultat de cette crise sanitaire que la conséquence la plus visible d’une gestion de l’hôpital guidée depuis des décennies par la rentabilité financière" , le pouvoir utilise une stratégie de division, mettant au ban ceux qui ne sont pas vaccinés et ceux qui n’ont pas assez de doses de "vaccin" (3e dose ; à quand la 4e dose ?. Avec une stratégie de manipulation qui vise à réduire les "non vaccinés" à des obscurantistes et complotistes. En qualifiant les "anti-pass" d’appartenir à une "frange capricieuse et défaitiste, très minoritaire, qui se satisferait bien de rester dans le chaos et l’inactivité",

Ce mépris de classe participe de la volonté de Macron réaffirmée en conclusion de ses "vœux" aux Français ou plutôt "à la France", au soir du 31 janvier. Prônant "l’unité des Français", il exhorte au respect des "devoirs qui valent avant les droits". Sous la direction de l’apprenti Bonaparte, même les droits et libertés arrachés par la bourgeoisie ascendante en 1789, des droits plus que bicentenaires transcrits dans le texte de 1789 que vous connaissez tous, sont à mettre au placard.

Dès mars 2020, les militants Émancipation n’ont cessé de dire qu’on ne combat pas une épidémie avec des mesures liberticides. La loi du 23 mars 2020 dite "d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19" est une loi scélérate qui s’est accompagnée de "l’argent magique" pour le patronat : le "quoi qui l’en coûte". La responsabilité de notre fédé était, est d’exiger l’abrogation de cette loi, de toutes ses prorogations et de mobiliser en ce sens.

Car, "en même temps", de violentes attaques ont été prises par ordonnances contre les droits des salariés inscrits dans le code du travail, les conventions collectives, les statuts. Ces attaques se multiplient jour après jour.

Car, "en même temps", alors que la mise en pièces des hôpitaux, de la sécu, de tout le système de santé publique s’accélère, on banalise aujourd’hui des méthodes de gouvernement autoritaires inacceptable.

Ainsi, parce qu’aucune bataille syndicale n’a été engagée, le projet de loi sur le pass vaccinal crée maintenant des boucs émissaires, "les non vaccinés" et les vaccinés incomplets, des citoyens et des sous-citoyens. Et Macron (et son gouvernement) qui comme l’indique une député de "gauche" [Mathilde Panot pdte du groupe FI], "taxe d’obscurantiste toute critique de sa politique" annonce la poursuite, voire l’accélération de la destruction des fondements même du système de santé, des hôpitaux, de l’Enseignement public.

Et en ce début d’année, c’est le métier d’enseignant, le statut de fonctionnaire des personnels enseignants, le métier de médecin, d’infirmier, le statut de hospitaliers qui sont immédiatement menacé. Ainsi que les fondements même de la Sécurité sociale. Le projet d’accord pour une PSC obligatoire en est un des éléments (de même, le budget 2022 de la Sécu qui induit nouvelles fermetures de lits, de nouveaux déremboursements). Et après les 66 Mds d’exonérations de cotisations sociales rien qu’en 2019, l’explosion de ces exonérations au profit du patronat, les différentes mesures prises par le gouvernement depuis 2020 menacent de porter le coup de grâce à la sécu de 1945.

  • Appuyé sur la mise en en place des contre réformes de la santé (loi Ma santé 2022 de Buzin), les contre réformes de l’enseignement (loi Pour une école de la confiance, Parcoursup et destruction du bac, loi LPPR…et enfin, la loi Rilhac), de la FP (loi TFP, Code de la Fonction publique, Institut du Service Public…),
  • Appuyé sur les contre réformes "dont on [la bourgeoisie ndrl] parlait depuis des décennies" mais qui n’avaient pu être réalisées face aux résistances et mobilisations des travailleurs, Macron entend maintenant utiliser ces lois pour aller ouvertement vers la libéralisation de l’école, la dislocation du statut des fonctionnaires, la mise sous tutelle du privé des hôpitaux publics aujourd’hui dépouillés jusque "à l’os" !

Ainsi, après ce qu’il nomme la "vraie révolution de l’apprentissage et de l’éducation", "enclenchée depuis 2017", le 15 décembre, Macron annonce la suite : "organiser autrement le métier d’enseignant". Sa référence à "l’expérimentation de Marseille" est lourde de sens. Dans les "écoles laboratoires de Marseille", "pour être sûr" que les PE soient "pleinement motivés" (sic) le directeur participerait au recrutement de ceux qui adhéreraient au "projet d’école". Les yeux tournés sur le modèle des écoles à charte des États-Unis, ou d’Angleterre, Macron veut étendre partout ce qu’il nomme le "laboratoire des libertés". C’est la marche à dénationalisation, voire à la privatisation de l’Enseignement public, et à l’explosion du statut national.

Et pour imposer ses mesures, Macron s’est appuyé sur le "dialogue social permanent auquel les directions syndicales se sont soumises. (cf. le Ségur, le Grenelle…).

Si Macron peut envisager aujourd’hui de mettre en œuvre les préconisations du Grenelle, c’est-à-dire accélérer les contre réformes de l’Enseignement public, c’est parce que durant près d’un an, les mobilisations contre sa politique ont été entravées par la participation des directions syndicales, dont celle de la FSU aux ateliers du Grenelle (ex d’atelier : la GRH de proximité ; réforme des concours ; directeur d’écoles…). Le rôle du syndicat, c’est de défendre les revendications des personnels (de négocier sur la base de leurs revendications) ; ce n’est pas de discuter des mesures et contre réformes du gouvernement, ce qui conduit à les justifier. C’est ce qui désarme les mobilisations.

Alors que Macron, Pécresse ont engagé leur campagne électorale, les conditions dans lesquelles s’effectueront les élections de ce printemps se créent aujourd’hui et non en mars-avril. Macron a annoncé qu’il poursuivrait l’offensive jusqu’au dernier jour de son mandat. Le problème pour notre fédé n’est pas de se concentrer sur un futur programme présidentiel, mais de combattre aujourd’hui contre la mise en œuvre du programme de l’actuel président. Cela implique de rompre immédiatement le "dialogue social" avec le gouvernement. Les combats présents seront déterminants pour la suite.

Tel est l’enjeu de notre congrès