Construire l’unité syndicale contre Macron et son nouveau gouvernement

Intervention Émancipation au congrès FSU Rhône 17 décembre 2024
Le congrès de la FSU du Rhône, préparatoire au 11e congrès national de al FSU s’est tenu du 17 au 18 décembre 2023. Ci-dessous l’intervention du courant Émancipation dans le débat sur le rapport d’activité

La situation dans laquelle se tient notre congrès est marqué par deux éléments : l’un international, l’autre sur le plan national.

1/ Sur le plan international, et le congrès devra en discuter, nous devrons prendre en considération le massacre des populations civiles palestiniennes par l’armée d’Israël, la résistance que doit mener le peuple ukrainien pour faire face à l’invasion de son territoire et à la guerre menée par Poutine.

Sur ces points, la politique du gouvernement français est loin d’être sans reproches bien au contraire. Dans les deux cas, comme pour la Syrie, le gouvernement français est aligné sur les grandes puissances dont les États-Unis qui arment au maximum l’État d’Israël et soutiennent à minima la résistance ukrainienne.

Et l’élection de Trump ne va pas arranger la situation.

2/ Or, c’est dans ce cadre que l’économie française se débat.

Cela se traduit sur le plan budgétaire par un endettement croissant dont la bourgeoisie veut en faire payer le coût aux salariés. Cette volonté de faire payer la crise du capitalisme aux salariés contribue à l’instabilité gouvernementale où on voit 4 Premiers ministres en un an.

3/ Et le dernier arrivé est particulièrement inquiétant pour l’Enseignement public.{{}}

En 1993-94, Bayrou, ministre de l’Enseignement, s’est fait remarquer par sa volonté de renforcer le financement des écoles privées. Cette tentative fut un échec et provoqua, une gigantesque manifestation de 1 million de manifestants à Paris. Mais nul ne doit douter qu’il n’a pas changé ses objectifs. Il a d’ailleurs cité l’école comme priorité en lien, a-t-il dit, avec « la promesse de Macron » !

4/ De manière plus générale F Bayrou n’aura pas d’autre choix que de remettre - à quelque virgule près - le budget élaboré par son prédécesseur.

Ce qui signifie en particulier le maintien du blocage du point d’indice, la diminution des postes de fonctionnaires, les attaques contre la Sécurité sociale. Ce que réclame le MEDEF.

Le caractère ultra réactionnaire de ce budget nous le connaissons depuis début octobre. Or, durant tout l’automne la mobilisation syndicale, en particulier pour la FSU, ne fut pas à la hauteur du caractère inacceptable de ce budget. Il fallut attendre le 5 décembre pour qu’une journée d’action permette aux fonctionnaires, aux personnels enseignants en particulier, de manifester clairement et massivement leur opposition.

Certes finalement le gouvernement Barnier a été censuré et avec lui son projet de budget. Mais il y a une différence fondamentale entre un gouvernement qui tombe du fait de la mobilisation des masses et un gouvernement qui tombe du seul fait du vote des députés, dont 124 du Rassemblement national.

Le projet de budget concentre toutes les attaques. S’il avait été balayé par la mobilisation nous serions aujourd’hui dans une situation bien plus favorable pour tenir tête à un projet de budget réactionnaire.

Censuré que grâce à l’appui du RN, cela facilite les attaques de toutes les forces réactionnaires.

4/ C’est donc une rupture majeure que l’on doit opérer sur le plan syndical.

La 1ère chose concerne le « dialogue » avec le gouvernement : pour faire passer ses projets F Bayrou va multiplier les concertations, le dialogue social pour désamorcer toute véritable mobilisation. Il a annoncé plusieurs fois sa volonté de « réconciliation ». Réconcilier les exigences du Medef qui exige la réduction des dépenses publiques, des régimes sociaux et nos revendications ? Le projet de Bayrou c’est de faire accepter l’austérité et les contre réformes par le dialogue social.

Il faut donc que d’ores et déjà que la FSU annonce qu’elle refuse toute discussion sur la base des projets gouvernementaux. (et sûrement mobiliser contre le projet de budget Bayrou)

La 2e exigence est qu’au contraire nos revendications soient clairement affichées, en particulier en ce qui concerne la défense de la sécurité sociale, du statut car si nous serons facilement d’accord pour dire que c’est au patron de payer le déficit de la sécu dont ils sont responsables du fait des exonérations de cotisations sociales (82 Mds en 223), nous allons devoir discuter sérieusement de la mise en place d’une PSC, cet outil qui, de fait, vise à détruire la Sécu pour lequel la FSU a donné sa signature.

On ne peut faire face aux exigences d’aujourd’hui sans un bilan critique de l’orientation suivie face à la réforme des retraites : alors que dans la rue Macron était ouvertement pris à parti par les manifestants, les directions syndicales dont la FSU ont refusé de centraliser nationalement cette mobilisation contre Macron et son gouvernement. Elles ont fait le choix de 14 journées d’actions de grèves, manifestations égrenées sur six mois, ce qui a facilité la publication de la loi.

Discuter jusqu’au bout de ces questions d’orientation, des revendications sur lesquelles doit se construire l’unité syndicale contre Macron et son nouveau gouvernement est déterminant pour l’avenir de notre fédération (je dirai même, du syndicalisme enseignants), 100 fois plus que des tractations sans fin visant à créer un « nouvel outil syndical » entre la CGT et la FSU.

Pour conclure, nous pensons que notre congrès doit affirmer sa solidarité avec les collègues et toute la population de Mayotte victimes du cyclone Chido. Et surtout victimes du système d’exploitation postcolonial qui a laissé Mayotte s’enfoncer dans la misère, négligé les infrastructures, préférant pourchasser les clandestins plutôt que d’offrir des conditions de relogement dignes.