À bas le budget Macron-Barnier ! En défense des revendications !

La CA académique du SNES de Lyon s’est tenue le 12 septembre 2024, peu de temps après la nomination du Premier ministre Michel Barnier.

L’état des lieux de cette rentrée montre que l’académie de Lyon est durement touchée par le manque de personnel (enseignants, infirmières, laboratoire, AED, AESH…). Le rectorat recrute par petites annonces. Si dans un grand nombre de collèges ce sont des groupes hétérogènes qui ont été mis en place, les conditions de travail sont très dégradées, avec des organisations très différentes selon les établissements. Il en est de même en lycée. Nombre de TZR sont contraints à des services partagés sur des lieux éloignés (opacité totale des affectations).

Le SNES estime à 3000 le nombre de place qui manquent pour le lycéens en L.P. ; la scolarisation des élèves allophones (EANA) en UPE2A est encore dégradée (des élèves se retrouvent dans les classes ordinaires).

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Il faut à cela ajouter qu’avec la généralisation des évaluations nationales, le gouvernement vise à réduire l’acte d’enseignement à un couple d’action « évaluation des compétences/remédiation ». Cela facilite l’utilisation de « l’intelligence artificielle » et la « catégorisation », le tri des élèves : « groupes de besoins/niveau » en collège. Se profile ainsi la marche à la création d’une 6e de niveau et d’une orientation précoce vers la formation professionnelle avant la fin du collège. Avec la nomination de Michel Barnier, Macron attend une mise en œuvre jusqu’au bout de son « école du futur ».

La direction académique a rappelé qu’en 2021, lors des primaires des LR, Michel Barnier plaidait pour un examen d’entrée en 6e, l’apprentissage dès 14 ans, la fin du collège unique. Le projet de loi Brisson (LR) déjà voté au Sénat veut la création d’établissements sous contrat, le chef d’établissement pouvant recruter les enseignants… Autant de mesures visant à réduire les coûts de l’État et mettant gravement en cause le statut des personnels, le droit à l’enseignement et aux études pour la jeunesse.

La discussion à la CA a notamment porté sur l’appréciation de la situation à la rentrée et les possibilités d’action.

Ci-dessous l’essentiel des interventions d’Émancipation.

Organiser la résistance contre les attaques que prépare le gouvernement Barnier implique de comprendre comment on en est arrivé là : comment après la défaite de Macron aux élections européennes, et la dissolution de l’Assemblé, après les rassemblements et mobilisations spontanées, l’unité réalisée dans l’accord électoral du Nouveau Front Populaire qui suscitaient un espoir, on se retrouve, à cette rentrée avec un Premier ministre (et un gouvernement) de droite soumis aux desiderata du RN.

Nombre de commentaires (y compris l’édito de l’US d’août) nous parlent de « démocratie bafouée » : Macron aurait la « médaille d’or du déni démocratique », « il sape les fondements de notre démocratie » (Sophie Venetitay) ; il fait un « coup de force » (FO)… Le qualificatif de « démocratie dévoyée » est répété en boucle, à gauche, par des responsables politiques et syndicaux.

Quelle « démocratie » ?

Il faut rappeler que la constitution Ve République est la plus antidémocratique des Républiques françaises. Rédigée sous la tutelle de Gaulle porté au pouvoir suite coup d’État de l’armée (en Algérie), la constitution est calquée sur le discours de Bayeux de de Gaulle en 1946 qui annonçait vouloir « gouverner au-dessus des partis » (en finir avec les partis). Macron utilise toutes les possibilités de la constitution ; sa politique du « en même temps » s’inscrit dans cette conception gaulliste où le président de la République gouverne (il est le « chef du gouvernement ») et le Premier ministre exécute.

Macron a dissout l’Assemblée car il comptait sur la division « à gauche » et une nouvelle poussée du RN lui permettant que poursuivre la mise en œuvre de son programme jusqu’en 2027.

A la CA de juin, nous indiquions que face à Macron et à la montée de l’extrême droite,il ne fallait pas se prononcer pour le « front républicain » mais pour qu’aucune voix ne se porte pour les listes du RN (de Macron, et des Républicains), au premier tour (et au second tour) . Nous proposions que le syndicat appelle également à « la constitution de comités locaux pour organiser dès aujourd’hui la mobilisation, contre le RN, et contre Macron, et pour imposer la satisfaction des revendications »,ce que la direction académique a refusé, tout en donnant rendez-vous à la rentrée (comme les directions nationales, SNES, FSU…).

Au lendemain du 7 juillet, suite aux résultats du NFP, Macron est resté silencieux. Puis il a déclaré que « personne ne l’a emporté ».

Les directions syndicales se sont soumises à la « trêve olympique » décrétée par Macron. Or, le nombre de mesures (plus de 1300 décrets publiés depuis le 7 juillet par le gouvernement Attal « démissionnaire ») touchaient de plein fouet les droits des salariés : cf. la suppression de centaines de contrats à la Protection Judiciaire de la Jeunesse ou les semaines de 60 heures, les journées de travail de 17h sans pause, ni paiement d’heures supplémentaires de salariés embauchés pour le JO… Il ne fallait pas troubler la « fête », celle des JO chargés de populariser et promouvoir la « performance », la mise en « concurrence », que Macron - et le « libéralisme » - veut donner comme modèle pour la jeunesse….

À l’évidence, le « barrage » avec le « front républicain » n’empêche pas l’arrivée de l’extrême droite. En Europe (Suède, Hongrie, Italie…), l’extrême droite est arrivée au pouvoir grâce à des coalitions. Et c’est Macron et toute sa politique qui ouvre la voie au RN (et aux LR…). C’est donc contre Macron que doivent sur le terrain des luttes (comme sur le terrain électoral) se centraliser les mobilisations.

C’est pourquoi nous avons proposé la motion Émancipation ci-après.

À bas le budget Macron-Barnier ! En défense des revendications !

Contre la volonté mainte fois exprimée par les salariés et la jeunesse que soit mis un coup d’arrêt aux réformes destructrices, Macron a nommé le Premier ministre Michel Barnier soutenu par Ensemble, les LR et le RN.

Le gouvernement Macron-Barnier a pour fonction de poursuivre la mise en œuvre du programme de Macron, et d’amplifier la même politique.

Cette politique se cristallise dans le projet de budget. Plusieurs dizaines de milliards d’économies budgétaires sont programmées, ce qui signifie de nouvelles coupes pour les services publics (École, hôpital…) et des attaques contre la Sécurité sociale. Sous prétexte de « déficit », le gouvernement entend poursuivre le blocage des salaires des fonctionnaires, et d’ores et déjà des mesures régressives additionnelles (deuxième jour de carence, redéploiement de postes d’enseignants …) commencent à être avancées. Avant même le vote du budget, les conséquences concrètes de cette politique se font sentir à cette rentrée.

La CA du SNES de Lyon propose que nationalement, et sans attendre, la mobilisation soit organisée contre les mesures qui s’appliquent déjà dans l’Enseignement public. Cette mobilisation doit s’unifier contre le projet de budget.

La CA académique du SNES de Lyon soumet la proposition que le SNES et la FSU œuvrent à la réalisation de l’unité pour organiser une puissante mobilisation nationale sur l’objectif de barrer la route au projet de budget Macron-Barnier. Mettre en échec le projet de budget ouvrirait la voie à la satisfaction des multiples revendications, à commencer par l’abrogation de la réforme Macron des retraites, l’abrogation du choc des savoirs, la hausse des salaires (dégel et augmentation du point d’indice, augmentation du SMIC …), la création massive de postes de fonctionnaires…


Texte de la CA

image : FDL - Anna Soavi